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Dance of the Planets : la merveille des merveilles / Mario Tessier. -- Astronomie-Québec, 4(3), mai-juin 1994, pages 27-28.


Au cours de sa courte histoire, le marché du logiciel a donné naissance à des produits exceptionnels. Ceux-ci ont jalonné les capacités grandissantes du matériel informatique. Certains d'entre eux sont parvenus à établir dans l'esprit des utilisateurs une définition des normes et caractéristiques fondamentales de certains types de programmes. Parmi ceux-ci, on trouve Lotus 1-2-3 du côté des chiffriers électroniques, DBase pour les bases de données, Microsoft Flight Simulator pour les jeux de simulation, etc. Dance of the Planets figure fièrement sur cette liste dans le domaine de la simulation planétaire.

En astronomie, les logiciels spécialisés de simulation calculent la position et affichent les orbites d'objets planétaires ou de satellites artificiels, selon les lois qui régissent la gravitation universelle. La plupart des programmes de planétarium ont aussi la capacité d'animer les planètes sur la sphère céleste... avec plus ou moins d'exactitude. Cependant, un produit se détache nettement du peloton de tous ces logiciels. Il s'agit de Dance of the Planets.

Dance est une réussite éblouissante. Sur le marché commercial, il n'existe aucun autre programme qui soit aussi précis en ce qui concerne la simulation du système solaire. Notons d'ailleurs que le concepteur du logiciel le définit comme un « modèle interactif du système solaire dynamique et du ciel ». Pour l'amateur qui s'intéresse aux conjonctions planétaires, aux éclipses, aux transits des planètes intérieures, aux passages des comètes et aux orbites des planètes mineures (ou astéroïdes), ce programme servira sûrement de référence car il tient compte des perturbations gravitationnelles pour la simulation des orbites.

Mentionnons toutefois le talon d'Achille de Dance qui réduit son utilité pour de nombreux amateurs: l'interface du programme est assez rudimentaire et elle manque autant de souplesse que de détail. La version 2,80, qui est maintenant disponible, offre des outils supplémentaires qui ne corrigent qu'en partie ces défauts. Le premier outil, offert en option, est un catalogue de 45.000 étoiles, jusqu'à la magnitude 8, qui permet de meilleurs repères cartographiques pour l'observation des astéroïdes et des comètes. L'autre logiciel utilitaire, contenu dans la version « de luxe », calcule les conjonctions et éclipses pour une période donnée, ce qui se révèle fort pratique pour l'archéoastronomie.

Fiche signalétique

Titre       : Dance of the Planets v2.5
Ordinateur  : IBM
Mémoire vive: 524 Ko
Support     : DOS 3.0+
Équipement  : Cartes EGA/VGA; souris; coprocesseur mathématique recommandé; 
             disque rigide
Concepteur  : Tom Ligon
Adresse     : A.R.C. Science Simulations
              P.O. Box 1955
              Loveland, CO 80539
Téléphone   : (303) 667-1168
Télécopieur : (303) 667-1105
Année       : 1992
Babillard électronique pour service téléphonique
Démo disponible au coût de 10 $ US, pour couvrir les frais de manutention
Site Web    : http://www.arcscience.com/dance.htm
Recensions : Astronomy, mai 1992, p. 100-101; Scientific American, 
             septembre 1990.
Commentaires :
1) Dance of the Planets Standard Edition comprend les simulations diurnes
avec horizon, les analemmes et la réfraction atmosphérique (Prix : 145 $ US)
2) Dance of the Planets Q.E.D. (ou version de luxe) comprend Observer's
Companion, un almanach permettant de calculer les éclipses et conjonctions (195 $US).
3) Supplément: Stars 8.0 Extension est un catalogue additionnel de 45.000
étoiles, jusqu'à magnitude 8 (Prix: 35 $ US)

La documentation

Le manuel imprimé à reliure spirale, de plus d'une centaine de pages, est extrêmement bien fait; c'est à peu de chose près un modèle du genre. Le premier chapitre définit les fonctions du programme. Le second chapitre nous entraîne dans une visite guidée du système solaire au cours de laquelle, grâce à de nombreux exemples, on expérimente le logiciel à l'aide de ses diverses fonctions. Le troisième chapitre explique de façon succincte mais très claire les caractéristiques du système solaire et les principes de base de la mécanique céleste. On y explore également en détail les planètes de type tellurique. Les planètes joviennes sont couvertes dans le chapitre suivant. Le chapitre cinq est consacré aux astéroïdes (ou planètes mineures) et aux comètes. Le dernier chapitre touche aux catalogues d'objets de ciel profond. Notons finalement la présence d'une bibliographie, d'un glossaire et d'un index détaillé.

Le manuel est excellent à tout point de vue et il brille surtout par la qualité des exemples et des exercices qu'il fournit à l'utilisateur. Les sections théoriques, de la formation du système solaire aux mouvements orbitaux des planètes et satellites, sont aussi fort bien faites. Une fonction d'aide en ligne est disponible grâce à une touche de fonction lors de l'exécution du programme.

L'interface de commande

L'aspect ergonomique constitue le point faible de Dance puisqu'il réduit considérablement son utilité réelle pour l'amateur désirant se servir des capacités exceptionnelles du logiciel. En effet, l'affichage du temps n'est pas numérique et le programme ne montre que les orbites. Le menu principal n'est qu'une mince barre au bas de l'écran où sont énumérées les fonctions disponibles. L'accès au menu principal s'effectue avec l'aide du clavier ou avec la souris. Cependant, on ne peut utiliser la souris dans l'écran d'affichage pour pointer ou identifier des objets. Afin d'accéder aux éphémérides des objets, il faut sortir de l'écran d'affichage pour entrer dans le menu des catalogues d'objets.

De plus, même si le logiciel renferme des banques de données sur les objets de ciel profond et un catalogue d'étoiles, l'absence de la ligne d'horizon empêche de savoir si l'événement simulé est observable facilement. L'interface de Dance n'a donc pas été conçue en fonction de son utilisation comme logiciel de planétarium, c'est-à-dire pour l'observation et la simulation du ciel étoilé. C'est plutôt un programme conçu pour observer et simuler l'animation des planètes sur le fond de la sphère céleste, de la Terre ou de l'espace même. Notons toutefois que ce problème semble avoir été corrigé dans la version la plus récente du logiciel.

L'affichage

Une des grandes qualités de Dance, c'est son affichage de très belle qualité (VGA) qui permet de reproduire à la perfection non seulement de très beaux phénomènes astronomiques comme les éclipses, mais aussi l'apparence même des planètes. Par exemple, on peut observer la Terre, vue de l'espace, effectuer sa rotation quotidienne avec sa couverture nuageuse. Image extraordinaire! Saturne dans toute sa gloire, avec ses multiples anneaux et son cortège de satellites, est un spectacle digne des meilleurs télescopes, tant le réalisme est frappant! Ce souci d'exactitude permet d'ailleurs de visionner le passage de la tache rouge sur le globe de la planète jovienne sillonnée de bandes nuageuses. Soulignons que les illustrations [non reproduites ici] accompagnant cet article, réalisées grâce à une capture d'écran, ne rendent pas justice à la subtilité des couleurs et à la finesse de détails des images produites par le logiciel.

Les amateurs d'éclipses ne seront pas déçus non plus, puisque le logiciel simule aussi l'apparence des éclipses solaires (avec l'apparition de la couronne solaire lors de la totalité) et l'assombrissement des éclipses lunaires (le globe de la Lune se teinte alors de rouge et de gris). On observe également les phases lunaires à partir d'une image de la Lune numérisée. Quant aux objets de ciel profond, ils occupent à l'écran un réel diamètre angulaire qui permet ainsi de mieux apprécier les orbites des astéroïdes ou des comètes dans ces régions célestes.

Les fonctions

Examinons brièvement les fonctions principales du logiciel.

  1. Le menu d'accès aux catalogues d'objets nous donne les éphémérides pour les planètes et satellites en fonction du temps affiché au menu principal. De plus, il offre un petit calculateur de transformation de date en jour julien.
  2. On peut sauvegarder les simulations d'événements astronomiques ou le résultat de longues animations dans des fichiers de configuration. Cette fonction est extrêmement utile, par exemple, lors de simulations nécessitant des calculs très précis ou contenant de multiples paramètres (champ de vision, satellites suivis, catalogues d'objets choisis, etc.).
  3. Le logiciel permet l'impression des cartes du ciel obtenues, mais cette fonction est plutôt rudimentaire et rend assez mal la qualité d'affichage à l'écran. De plus, ces cartes ne donnent que peu d'information.
  4. Dans le catalogue de comètes de Dance se trouve une fonction appelée «Lookup», laquelle permet d'identifier les années de passage au périhélie des comètes périodiques. Par exemple, pour Halley, on compte une trentaine de passages répertoriés, allant de 239 avant Jésus-Christ jusqu'à 1986 après J.-C.
  5. Les fonctions d'animation et de suivi des objets sont simples et permettent de varier les paramètres à volonté: on peut agrandir le champ de vision, visionner les objets sous n'importe quel angle, accélérer ou renverser les orbites dans le temps.

Les catalogues d'objets

Le logiciel renferme plusieurs banques de données très complètes sur le système solaire ainsi que plusieurs catalogues d'objets de ciel profond. En ce qui concerne le système solaire, on nous offre la possibilité d'afficher à volonté les diverses planètes et leurs satellites. Jupiter en a 16, et Saturne en compte 18 qui sont répertoriées. Le programme renferme un catalogue de plus de 5000 astéroïdes et un autre qui donne plusieurs centaines de comètes. On y trouve le nom de l'objet et ses éléments orbitaux.

Dance donne aussi une banque de données de 9097 étoiles (le Yale Bright Star Catalogue qui inclut les étoiles jusqu'à magnitude 6,5) et près de 1300 objets de ciel profond: 110 objets Messier, 156 galaxies brillantes, 180 étoiles variables, 99 amas globulaires, 186 amas ouverts, 92 pulsars, 99 quasars, 209 radiosources et 190 sources de rayons X.

Les limites chronologiques et la précision

Les années limites d'utilisation du logiciel sont 4680 avant J.-C. (donc cinq siècles avant le début de l'ère julienne) et 9999 après J.-C. Il est cependant déplorable de voir que le programme accepte des dates proposées entre les 5 et 15 octobre 1582 (date de la révision du calendrier grégorien) ainsi que l'année 0 (qui porte plutôt le chiffre de 1 après J.-C.). Heureusement, cette anomalie ne se situe qu'au niveau de la saisie de données et non pas à celui des calculs (qui sont donnés en jours juliens).

L'exactitude du logiciel est exceptionnelle puisqu'il possède une marge d'erreur typique de moins de 10 secondes d'arc pour les positions planétaires, de moins d'une minute d'arc pour les astéroïdes et les comètes, et d'environ une seconde d'arc pour les étoiles. Le programme effectue la précession des étoiles, condition indispensable à la simulation en archéoastronomie, notamment dans le domaine des conjonctions planétaires.

Le logiciel simule de manière très précise l'éclipse solaire totale de 585 avant J.-C., prédite par Thalès de Milet en Asie mineure. Sa fiabilité est telle que je me sers régulièrement de Dance à des fins de comparaison pour évaluer la performance des autres logiciels de planétarium mis à ma disposition.

Notons finalement qu'en raison de la complexité des algorithmes et du nombre élevé de calculs, un coprocesseur est nettement recommandé pour contrer la lenteur des simulations. Toutefois, comme il est possible de sauvegarder le résultat des simulations dans des fichiers de configuration, on peut ainsi pallier ces difficultés sans inconvénients substantiels.

Un outil précieux

Malgré certains défauts agaçants et une interface plutôt primitive, Dance demeure un outil extrêmement précieux pour quiconque s'intéresse aux objets planétaires. C'est un programme souple puisqu'il calcule des éphémérides très précises. On peut aussi s'en servir comme planétarium. Mais ce sont ses capacités d'animation et de simulation qui ont fait de Dance le meilleur logiciel astronomique commercial pour micro-ordinateur. Par contre, son principal désavantage, c'est son coût élevé. Nous conseillons donc aux acheteurs potentiels d'obtenir d'abord la copie de démonstration (ou démo) disponible chez le concepteur ou sur des babillards électroniques, afin d'évaluer l'utilité du programme en relation avec ses besoins. Notons que le démo est un logiciel fonctionnel, permettant un grand nombre de simulations; à lui seul, il vaut le détour.


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