L'informatique au service de l'astronomie : les incarnations de Distant Suns / Mario Tessier. -- Astronomie-Québec, 3(1), janvier-février 1993, pages 28-31.
Durant l'année, nous examinerons diverses applications astronomiques sous Windows pour les micro-ordinateurs IBM et compatibles. Nous étudierons en profondeur certains des logiciels intégrés de planétarium des plus intéressants et leurs diverses adaptations sous DOS, ou pour ordinateurs Amiga ou Macintosh. Nous commençons cette exploration par DISTANT SUNS.
Fiche signalétique
Titre : Distant Suns for Windows 1.2 Ordinateur : IBM Prix : 99,95 $US Poste : 5,50 $US Mémoire vive : 640 Ko Équipement : Processeurs 30286+; Microsoft Windows 3.X+; disque rigide Support : Cartes EGA/CGA; souris Adresse : Virtual Reality Laboratories, Inc. 2341 Ganador Court San Luis Obispo CA 93401, É.-U. A. Téléphone : (805) 545-8515 Babillard électronique pour support technique: (805) 237-2312 Année : 1992 Site Web : http://www.distantsuns.com/ Recensions : Sky & Telescope, mars 1992, p. 319. Astronomy, avril 1992, p. 99.Documentation
Un manuel de 70 pages est fourni. Il couvre les principales notions de base et les capacités du programme: l'explication des éclipses, des occultations, des conjonctions et du mouvement rétrograde des planètes, ainsi que la nature de l'écliptique et des classes stellaires. Le manuel propose à l'usager l'essai de la fonction étudiée au moyen d'une démonstration. Un chapitre décrit l'ensemble des menus et des diverses fonctions.
Les objets de ciel profond comme les amas stellaires, les nébuleuses et les galaxies sont rapidement couverts, bien que le logiciel ne puisse guère en tirer parti. On trouve des chapitres annexes sur l'achat d'un télescope (avec exposés sur les différents types) ainsi qu'un catalogue de villes (comprenant Montréal), un catalogue Messier, un petit catalogue NGC d'environ 300 objets, des données planétaires et des informations sur les pluies d'étoiles filantes. Aussi: une bibliographie et un index.
Le manuel est assez bien fait, mais on aurait apprécié un peu plus d'exercices pour la pratique des fonctions, pour mieux mettre en valeur les qualités et les capacités du logiciel.
Interface de commande
L'interface du logiciel, basée sur l'environnement Windows, exploite à fond l'affichage graphique en mode VGA et l'utilisation de la souris. On se déplace sur la sphère céleste grâce à des barres de navigation reproduisant les échelles graduées de l'ascension droite et de la déclinaison. En cliquant sur la touche de gauche vers un point du ciel, le logiciel redessine le ciel à partir de ce point. On agrandit une portion du ciel en traînant la souris et en appuyant sur la touche de gauche. On obtient de cette manière un champ de vision de 3 degrés à 180 degrés. En pointant la souris vers un objet céleste, on l'identifie en cliquant sur la touche de droite.
Il est possible de configurer cette interface selon nos préférences, notamment en ce qui concerne l'utilisation de la souris ou des couleurs. Comme dans toutes les applications Windows, on dispose de menus descendants standardisés où l'on peut appeler toutes les fonctions, en plus de recourir au clavier pour l'entrée des commandes.
Affichage
La sphère céleste se présente sous deux modes: 1) le mode HORIZON, vu selon un lieu particulier; 2) le mode ÉQUATORIAL, sans la Terre pour nous boucher la vue.
On peut faire apparaître, au choix, les lignes de l'écliptique, de l'équateur céleste, une échelle d'altitude locale ou la ligne de l'horizon local, le tracé des constellations, la grille d'ascension droite et de déclinaison ainsi qu'une mire pour la souris. L'affichage des noms est disponible pour les constellations, les planètes, les objets NGC et Messier, les étoiles brillantes et les objets définis par l'usager.
Alors que les planètes se présentent sous la forme de points, le Soleil et la Lune ont l'aspect de disques bien définis qu'on peut agrandir. Cette caractéristique, très rare (aussi dans DANCE OF THE PLANETS), permet de bien simuler des éclipses solaires; lors d'une éclipse solaire totale, la couronne apparaît! L'image de la Lune est une photographie numérisée d'un réalisme extraordinaire.
Autre caractéristique rare: le logiciel a la faculté d'afficher (dans un champ de 30° ou moins) diverses informations relatives aux étoiles s'y trouvant. Le programme indique, pour chaque étoile, sa classe spectrale ou sa distance en années-lumière, ou toute autre information se trouvant dans la base de données du catalogue stellaire, si désiré.
Fonctions
- Sauvegarde les événements en simulation
- Impression des cartes célestes
- Repérage d'objets
- Animation de planètes
- Affichage des positions héliocentriques des planètes
- Calcul de la précession et affichage du ciel ainsi obtenu
- Filtre de magnitude
- Test de reconnaissance des constellations
- Visualisation d'images numérisées d'objets célestes sous format BMP (format de compression sous Windows).
Les fonctions les plus intéressantes :
- La commande de sauvegarde des événements permet de conserver la configuration du logiciel lors d'une simulation donnée. On crée un fichier des informations de l'endroit d'où l'on observe, l'époque, l'angle de vue et les diverses autres options (noms, lignes, couleurs, etc.). Économie de temps, on rassemble ces fichiers (« event files ») en catégories: éclipses, conjonctions, occultations, etc.
- La fonction d'animation des planètes se fait en mode automatique ou manuel, avec échelle de temps modifiable, sur une période de deux mois en tout, un avant et un après la date proposée. Cette fonction est difficile à maîtriser, elle mériterait d'être repensée de façon plus intuitive, comme dans d'autres logiciels (EZ-COSMOS ou THE EARTH CENTERED UNIVERSE).
- Très utile pour l'archéoastronomie, la fonction de précession. On observe le ciel à l'époque du Christ ou avant. Elle vaut à elle seule l'acquisition de DISTANT SUNS tellement elle est précieuse pour les simulations en vue de déterminer les anciennes conjonctions, malgré l'inexactitude de ses calculs.
- DISTANT SUNS dispose de nombreuses images numérisées affichables à l'écran, qui touchent à la fois l'astronautique (vaisseau spatial en orbite ou astronautes en apesanteur) et l'astronomie (surface de Mars ou phases de Vénus); ce n'est pas une fonction indispensable. Elles occupent de l'espace sur le disque rigide et, une fois visionnées, elles ne servent pas à grand-chose. Mais, étant donné qu'on peut enchaîner plusieurs de ces images à des objets de la banque de données (NGC ou planètes) grâce à des commandes spéciales, les amateurs désireux de conserver et de classer leurs photographies prises avec un dispositif de transfert de charge (DTC ou CCD) peuvent, après une conversion de format graphique (en format BMP), se constituer un catalogue de photos relié au programme de planétarium. En double-cliquant sur un objet céleste, on appelle alors les données et les images de celui-ci. Une utilisation éventuelle très intéressante de ce qui semble d'abord une fonction de peu d'intérêt.
Catalogues d'objets
Le logiciel dispose de deux bases de données basées sur le catalogue stellaire du YALE BRIGHT STAR CATALOG (YBSC): 1) la petite version de 2200 étoiles (jusqu'à magnitude 5,25); 2) la version élargie de 9100 étoiles (jusqu'à magnitude 6,7).
On peut obtenir les informations suivantes pour chaque étoile:
- 1) nom
- 2) numéro d'identification du catalogue YBSC
- 3) numéro d'identification du catalogue (spectroscopique) Henry Draper
- 4) magnitude visuelle et la couleur B-V
- 5) position en coordonnées équatoriales
- 6) heures de lever et de coucher
- 7) classe spectrale
- 8) distance en années-lumière
- 9) vitesse radiale
- 10) étoiles doubles
- 11) mouvement propre
- 12) étoiles variables
- 13) commentaires.
On y compte aussi le catalogue Messier de 110 objets et environ 300 objets NGC. L'usager définit jusqu'à 3000 objets de ciel profond.
Limites chronologiques et précision
Les dates limites d'utilisation du logiciel varient du début du calendrier astronomique, le 1er janvier 4713 avant J.-C., à 9999 ap. J.-C. Le programme ne prend pas en considération les dates du 5 au 15 octobre 1582 (révision du calendrier grégorien) ainsi que l'année 0 (-1 ou 1 avant J.-C.).
Imprécision du logiciel : Après simulation de l'éclipse solaire totale de 585 avant J.-C., prédite par Thalès de Milet en Asie mineure, on observe une erreur de plusieurs minutes d'arc.
Fiche signalétique
Titre : Distant Suns for Amiga 4.1 Ordinateur : Amiga. Prix: 99,95 $US Poste: 5,50 $US Mémoire vive : 512 Ko; 1 Mo recommandé Support : Souris; langage AREXX Adresse : Virtual Reality Laboratories, Inc. 2341 Ganador Court San Luis Obispo CA 93401, É.-U. A. Téléphone : (805) 545-8515 Babillard électronique pour support technique : (805) 237-2312 Année : 1992 Recensions : Sky & Telescope, juillet 1988, p. 72 Commentaires : 4 versions disponibles pour les différentes versions d'Amiga DOS.Documentation
A peu près la même que celle de la version Windows. Pourtant, elle a été écrite avant l'autre car les termes définissant les fonctions ou l'affichage sont différents, mais pas plus mauvais. Par exemple, au lieu d'identifier les modes d'affichage sous les vocables d'HORIZON ou d'EQUATORIAL, on parle d'affichage LOCAL ou PLANETARIUM. La standardisation des termes aurait été de mise. Le manuel contient des informations supplémentaires concernant les comètes et les astéroïdes, car la version Amiga possède des fonctions de simulation pour ces objets.
Interface de commande
Elle se fait au moyen d'un panneau de contrôle donnant l'ascension droite, la déclinaison, la date, l'heure, le pourcentage d'agrandissement (zoom) ainsi que les flèches des touches de direction. L'usager se sert de sa souris, de son clavier ou d'un autre type de dispositif d'entrée de données, écran tactile ou crayon lumineux, par exemple.
Grâce aux commandes en macrolangage de programmation AREXX, on modifie l'interface pour qu'il obéisse à un autre périphérique. De la même manière, on se sert de ces commandes AREXX pour contrôler un télescope !
Fonctions
La première version de ce logiciel fut conçue pour l'ordinateur Amiga. On y trouve donc plusieurs fonctions de plus que celle sous Windows. Tout d'abord, une série de petites fonctions secondaires :
- horizon artificiel de montagnes en mode d'affichage LOCAL
- fonction skylight, un filtre qui simule l'observation en ville
- fonction twinkle fait scintiller les étoiles
- fonction twilight change la couleur du ciel si le Soleil est visible
- fonction star trails imite une astrophotograhie (aussi en version Windows mais ici, c'est une fonction particulière).
Plusieurs fonctions très pratiques sont dans la version Amiga, dont la commande de vision de nuit qui diminue l'intensité de l'affichage lumineux ou qui colore en rouge, sur ordinateur portatif.
Dans le menu des outils (« tools menu »), un contrôle d'animation permet de créer des fichiers d'animation pour la démonstration d'événements astronomiques. On peut transférer le contenu de l'écran dans un fichier graphique pour le travailler dans un programme de dessin. On définit facilement des orbites pour des comètes ou des astéroïdes. Une fonction utile sert à générer des éphémérides. Les coordonnées des planètes sont ensuite imprimées ou envoyées dans un fichier ASCII, lisible par un éditeur de texte.
En plus de ces éphémérides, la fonction « what's up » indique, à la date du jour, les informations suivantes: le jour julien, les heures de lever et de coucher du Soleil et de la Lune (avec sa phase), les dates de la prochaine pluie d'étoiles filantes, les planètes visibles (avec coordonnées, heures de lever et de coucher, distance en unités astronomiques et en minutes-lumière) ainsi que les heures de lever et de coucher des constellations. Cette fonction mérite à elle seule l'acquisition de ce logiciel puisque très peu de programmes donnent une panoplie aussi complète d'informations pour l'amateur désireux de planifier ses soirées d'observation !
Tout comme VOYAGER, DISTANT SUNS représente les orbites planétaires à partir de n'importe quel point à l'intérieur du système solaire, jusqu'à 400 unités astronomiques !
Limites chronologiques et précision
Les dates limites d'utilisation vont de 9999 avant J.-C. à 9999 après J.-C. Mais la précision du logiciel laisse un peu à désirer. En utilisant des commandes simplifiées (single digit precision) dans les algorithmes de calculs pour augmenter la vitesse de réponse du logiciel, les sauts de calculs se font de façon discrète et amoindrissent parfois l'exactitude des positions célestes.
Autres versions
DISTANT SUNS est disponible en version 1.0 pour Macintosh (prix de 99,95 $ US + 5,50 $ US de frais de poste) ainsi que sur CD-ROM (prix de 149,95 $ US + 5,50 $ US de frais de poste). La version 1.0 sur disque optique comporte beaucoup plus d'images numérisées. Évidemment, elle requiert un lecteur de disques optiques associé au micro-ordinateur.
Historique
DISTANT SUNS est le fruit d'un long travail de création et de peaufinage. Créé d'abord pour le micro-ordinateur Commodore Amiga, il remporta un succès bien mérité sous le nom de GALILEO. À l'époque de sa création, vers 1986, c'était un des meilleurs programmes de sa génération. Ses algorithmes de calcul sont dérivés du Practical Astronomy with your Calculator par Peter Duffett-Smith et du Astronomical Formulae for Calculators, de Jean Meeus.
Forces et faiblesses
Les utilisateurs d'Amiga trouveront dans DISTANT SUNS un logiciel de planétarium intégré de premier ordre. La diversité des fonctions et ses capacités uniques d'animation et de contrôle de périphériques en font un outil très polyvalent. Mais les algorithmes de calcul laissent place à une certaine marge d'erreur pour les limites chronologiques.
La version Windows 1.0 a plusieurs atouts : une exactitude accrue, une fonction de précession fort utile, des images numériques de la Lune et du Soleil, la manipulation du catalogue d'images numérisées, etc. Cependant, elle n'équivaut en qualité qu'à la version 3.0 d'Amiga. La version Amiga 4.0 offre des fonctions indispensables comme la génération d'éphémérides ou la fonction « what's up ». Il n'en reste pas moins que DISTANT SUNS FOR WINDOWS demeure un programme de planétarium des plus intéressants. Les prochaines versions sont à surveiller de près.
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