Louis-Pierre-Marie-François, dit Pierre Baour-Lormian (1770-1854)
Poète descriptif et auteur dramatique
français. Fils d'un imprimeur de Toulouse. Né le 24 mars 1770 et mort à Paris, aveugle, le 18
décembre 1854. Il fut élu à l'Académie française en 1815.
Auteur de Poésies galliques (1801), adaptation en vers des chants épiques
attribués au barde légendaire Ossian. Napoléon lui demanda d'écrire des
poèmes pour la gloire de son Empire. L'ensemble de ses œuvres est très médiocre.
Hymne au soleil
Roi du monde et du jour,
guerrier aux cheveux d'or,
Quelle main, te couvrant d'une armure enflammée,
Abandonna l'espace à ton rapide essor,
Et traça dans l'azur ta route accoutumée ?
Nul astre à tes côtés ne
lève un front rival ;
Les filles de la nuit à ton éclat
pâlissent ;
La lune devant toi fuit d'un pas inégal,
Et ses rayons douteux dans les flots s'engloutissent.
Sous les coups réunis de l'âge et des autans
Tombe du haut sapin la tête échevelée ;
Le mont même, le mont, assailli par le temps,
Du poids de ses débris écrase la
vallée ;
Mais les siècles jaloux épargnent ta
beauté :
Un printemps éternel embellit ta jeunesse,
Tu t'empares des cieux en monarque indompté,
Et les voeux de l'amour t'accompagnent sans cesse.
Quand la tempête éclate et rugit dans les airs,
Quand les vents font rouler, au milieu des éclairs,
Le char retentissant qui porte le tonnerre,
Tu parais, tu souris, et consoles la terre.
Hélas ! depuis longtemps tes rayons glorieux
Ne viennent plus frapper ma débile paupière !
Je ne te verrai plus, soit que, dans ta carrière,
Tu verses sur la plaine un océan de feux,
Soit que, vers l'occident, le cortège des ombres
Accompagne tes pas, ou que les vagues sombres
T'enferment dans le sein d'une humide prison !
Mais, peut-être, ô soleil, tu n'as qu'une saison ;
Peut-être, succombant sous le fardeau des âges,
Un jour tu subiras notre commun destin ;
Tu seras insensible à la voix du matin,
Et tu t'endormiras au milieu des nuages.
Pierre Baour-Lormian,
tiré de Poésies d'Ossian
(1827)
Invocation
à la lune
Ainsi qu'une jeune
beauté
Silencieuse et solitaire,
Des flancs du nuage argenté
La lune sort avec mystère.
Fille aimable du ciel, à pas lents et sans bruit,
Tu glisses dans les airs où brille ta couronne,
Et ton passage s'environne
Du cortège pompeux des soleils de la nuit.
Que fais-tu loin de nous, quand l'aube blanchissante
Efface à nos yeux attristés
Ton sourire charmant et tes molles clartés ?
Vas-tu, comme Ossian, plaintive, gémissante,
Dans l'asile de la douleur
Ensevelir ta beauté languissante ?
Fille aimable du ciel, connais-tu le malheur ?
Maintenant revêtu de toute sa lumière,
Ton char voluptueux roule au-dessus des monts :
Prolonge, s'il se peut, le cours de ta carrière,
Et verse sur les mers tes paisibles rayons.
Pierre Baour-Lormian,
tiré de Poésies
d'Ossian (1827)
Références
:
Oeuvres :
- Les trois mots : satires-poésies
(1799)
- Calédoniennes (1799)
- Le rétablissement du culte
(1802)
- Recueil de poésies diverses
(1803)
- Omasis ou Joseph en Égypte
(1807)
- Les fêtes de l'hymen (1810)
- Mahomet II (1811)
- L'Atlantide (1812)
- La Jérusalem
délivrée (1813)
- L'Oriflamme (1814)
- Alexandre à Babylone
(1814)
- Les veillées poétiques
et morales (1819)
- Contes d'un philosophe grec (1822)
- Le retour à la religion
(1825)
- Le classique et le romantique : satires
(1825)
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