Nox Oculis


Premier Contact au cinéma


Le cinéma nous renvoie les multiples facettes de notre psyché et anime nos pulsions secrètes d'une vie qui leur est propre. On y retrouve donc cette soif ancrée dans nos gènes du contact avec l’Autre, de la rencontre avec ce frère venu d'Ailleurs. Examinons brièvement dix de ces films qui ont marqués notre imaginaire.

  1. La Guerre des mondes (1953 - 85 minutes) est l’une des oeuvres qui contribua, grâce à la qualité de sa production, à populariser le cinéma de la science-fiction aux États-Unis. En effet, lorsque le film est devenu disponible en vidéocassette, il se rangea parmi les vingt meilleurs vendeurs! George Pal, le grand artisan des effets spéciaux, réussit à créer une adaptation vigoureuse du classique de H. G. Wells, où les envahisseurs Martiens, malgré leur supériorité technologique, sont vaincus par nos microbes. Leçon d’humilité pour une humanité fière de ses progrès techniques, malgré tout impuissante devant cette invasion venue d'outre-espace, arrêtée par les plus humbles des créatures.
  2. L’Invasion des profanateurs (1956 - 80 minutes) constitue l’une des oeuvres-clés des années cinquante. Des parasites venus de l’espace éliminent les êtres humains pour les remplacer par des copies sans âme. Empreint de la paranoïa engendrée par la guerre froide et le McCarthysme, la puissance d’évocation de son thème se répercute encore aujourd’hui dans des remakes et des duplicatas auxquels l’Invasion a donné naissance : Le Village des damnés (1960), Les Femmes de Stepford (1975), Les Poupées humaines (1994).
  3. Alien, le 8ième passager (1979 - 117 minutes) poursuit dans cette veine où l’étranger est vu comme une menace diabolique, pis, comme un monstre cannibale. De nombreux films ont repris cette image, depuis La Chose venue d’un autre monde (1951), en passant par Le Jour des Triffides (1963) et Prédateur (1987), jusqu’à Espèces (1995).
  4. Rencontres du troisième type (1977 - 135 minutes) prend l’attitude contraire et nous propose un premier contact sous la forme d’une Seconde Venue, presque d’une Parousie techno-scientique, où l’extraterrestre joue un rôle christique. Ce film fut un succès énorme pour Spielberg, qui charma toute l’Amérique avec sa vision mi-enchantée mi-documentaire d’une rencontre avec ces ovnis que tant d’Américains prétendent avoir vu. Toutefois, la trame sonore prétentieuse inspirée du film Les Dix commandements, le vaisseau spatial étranger ressemblant à un arbre de Noêl tout illuminé, et ses créatures extraterrestres aseptisées et bénignes m’ont toujours paru prodigieusement simplistes.
  5. E.T. (1982 - 115 minutes) est l’un des films les plus populaires du cinéma. En effet, Spielberg renoue dans cette production hollywoodienne avec les thèmes qui ont fait sa réussite. Le film nous montre ainsi un extraterrestre bien gentil et doué de pouvoirs quasi-magiques... qui ressemble à un enfant et se tient avec des enfants ! Le point de vue est celui des enfants et le film lui-même s’adresse à des enfants. Adultes, prenez vos mouchoirs et laissez vos cerveaux au vestiaire.
  6. Phase IV (1974 - 86 minutes) ne met pas en scène d’extraterrestres mais plutôt des intraterrestres. En effet, les deux protagonistes du film essaient d’entrer en contact -- par radio, à l’instar des initiatives SETI -- avec des fourmis devenus intelligentes à la suite d’une mutation. Production à la précision clinique, scénario rigoureux, photographie superbe, ce petit film méconnu constitue une réflexion intelligente sur le thème du premier contact.
  7. Le Jour où la Terre s’arrêta (1951 - 92 minutes) est une oeuvre remarquable, qui échappe à la paranoïa rampante et à l’archétype du monstre des années cinquante. Une soucoupe volante atterrit à Washington, et délivre ses deux occupants désireux d’offrir aux Terriens un message de paix. La fin du film réserve plusieurs surprises. La production est supérieure à tous points de vue : la direction d’acteurs est habile et maîtrisée, et la performance des comédiens est excellente. Qui oubliera ces mots célèbres : Klaatu barada nikto !
  8. L’Homme qui tomba du ciel (1976 - 140 minutes) est un petit film britannique qui se démarque de la production habituelle des films de science-fiction hollywoodiens. Un extraterrestre échoué sur la Terre, joué par un David Bowie bien employé, deviendra finalement prisonnier de la gravité terrestre ainsi que des vices humains auxquels il aura succombé au contact de nos congénères. Le réalisateur Nicolas Roeg nous présente une créature complexe, victime de conflits intérieurs, et des Terriens dont les motivations dans ce premier contact sont beaucoup plus réalistes que dans les fantaisies américaines.
  9. Solaris (1972 - 165 minutes) est un classique du cinéma soviétique. Des scientifiques sur une station spatiale orbitant la planète Solaris cherche à entrer en contact et à comprendre l’océan vivant qui la recouvre. Le grand cinéaste Tarkovski nous offre dans cette oeuvre une réflexion délicate sur la difficulté de la communication et de l’intimité entre les êtres.
  10. 2001, l’Odyssée de l’espace (1968 - 139 minutes) constitue sans conteste le film le plus réussi de l’histoire du cinéma de science-fiction et sans doute le film ultime sur le contact avec d’autres formes de vie intelligentes. Le thème de la rencontre y est exploré sous diverses facettes : le créateur vis-à-vis sa créature, le terrestre vis-à-vis l’extraterrestre, le vivant vis-à-vis la machine, l’immanent vis-à-vis le transcendant.

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