Nox Oculis


Philippe Desportes (1546-1606)

Poète et courtisan français du XVIe siècle, qui fut le protégé du roi Henri III et composa son œuvre en marge de la Pléiade.

Né à Chartres dans une famille de la riche bourgeoisie, Philippe Desportes reçut une éducation soignée et s'engagea dans la carrière ecclésiastique. Le service de l'évêque du Puy, où il entra vraisemblablement assez jeune, lui permit de suivre son maître à Rome, où il se forgea une solide culture poétique et fut sensibilisé aux œuvres de Pétrarque. Au service du duc d'Anjou, le futur Henri III, à partir de 1572, il accompagna celui-ci en Pologne, et resta son poète favori après que celui-ci eut accédé au trône de France en 1573.

Philippe Desportes publie en 1573 ses Premières oeuvres. Il a fait un long séjour en Italie et en a rapporté, outre la connaissance de la langue de L'Arioste, écrivain qu'il imita, un goût prononcé pour le néopétrarquisme alors à la mode. Ce recueil en porte l'empreinte, et le public français ne tarde pas à l'enthousiasmer pour une poésie maniériste qui privilégie l'artifice. Dès lors, Philippe Desportes va ravir la première place à Ronsard et le néopétraquisme conquiert les salons, notamment celui de la maréchale de Retz. Familier du duc d'Anjou, il sera attaché à sa personne comme lecteur lorsqu'il accède au trône sous le nom de Henri III. A la mort du roi, Desportes rejoint le parti de la Ligue, mais retrouvera toutefois la faveur d'Henri IV qui le dotera d'une abbaye où il finit ses jours en travaillant à une traduction des Psaumes.

Poète officiel et mondain, comblé d'honneurs et de biens, Desportes vit sa carrière atteindre son apogée entre 1573 et 1583, période où il fit paraître plusieurs éditions successives de son œuvre, et pendant laquelle sa gloire éclipsa même celle de Ronsard. Par la suite, sous le règne d'Henri IV, il se tint plus à l'écart de la vie de cour, laissant la place à d'autres auteurs, en particulier à Malherbe.

En marge de celle des poètes de la Pléiade, son œuvre est typiquement celle d'un poète de cour. Célébrant souvent les amours des grands personnages de la cour de France (les amours d'Henri III ou de Marguerite de Valois), sa poésie est moins inspirée et plus conventionnelle que celle de Ronsard, ou de Du Bellay. Marquant l'évolution du genre poétique du grand lyrisme et d'une poésie érudite et inspirée vers une poésie de salon, plus formelle, son œuvre est davantage celle d'un virtuose de la langue que d'un poète inspiré, et tend parfois au maniérisme à force de raffinement. On lui doit notamment des Stances (1567), des Imitations de l'Arioste (1572), des élégies et de nombreux Amours et Mélanges ainsi que des traductions de psaumes, œuvres de la maturité.

La poétique de Desportes allie élégance et clarté à un catalogue de motifs qui s'inspire de Pétrarque mais surtout des néopétrarquistes italiens modernes. Cette poésie, qui erre à la recherche d'elle même et célèbre l'inconstance du réel et le chaos des sensations, fut souvent mise en musique. Elle a exercé une influence considérable sur les poètes de sa génération, avant d'être résolument critiquée par François de Malherbe. C'est en partie par réaction contre cette tendance que s'élabora la doctrine de Malherbe, qui nous est parvenue sous la forme d'annotations en marge des poèmes de Desportes, et qui constitue la base de l'évolution de la langue poétique française tout au long du XVIIe siècle.


Contre une nuit trop claire


Épouvantable Nuit, qui tes cheveux noircis


Sur les abysmes creux des fondements poser


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