Nox Oculis


John Robinson Jeffers (1887-1962)

Poète américain et dramaturge. De 1914 jusqu'à sa mort, il habita Big Sur, une région rocheuse de la Côte californienne, trouvant son inspiration dans sa rude beauté. Pour Jeffers, le monde, vu sous l'angle panthésiste, était souillé seulement par l'homme, un animal contrarié et condamné. Il utilisa fréquemment le Vieux Testament, la légende du Christ, ainsi que les mythes grecs afin d'illustrer l'esprit torturé de l'humanité, son instrospection maladive, les absurdités de la vie moderne, et son aliénation de la nature. La poésie de Jeffers est intense et virile, riche en puissance élémentaire.

Né à Pittsburgh (Pennsylvanie) le 10 janvier 1887. Son père, un professeur de littérature biblique et testimentaire au Western Theology Seminary à Pittsburgh, supervisa l'éducation du jeune Jeffers. C'est ainsi que ce dernier commença à apprendre le grec à l'âge de 5 ans. Le latin et la doctrine presbytérienne suivirent. Ses premières leçons furent rapidement succédées de voyages en Europe, où il étudia dans des écoles de Zurich, Leipzig, et Genève. Quand sa famille déménagea en Californie, Jeffers, à l'âge de 16 ans, entra au Occidental College. Il y gradua en 1905, à l'âge de 18 ans.

En 1903, la famille quitta Pittsbugh pour les paysages ensoleillés de Pasadena, en raison de la santé défaillante du père de Jeffers. Le jeune Jeffers fit ses études de littérature à l'Université de Californie du Sud (USC), où il fit la connaissance d'Una Call Kuster, qui devait devenir plus tard son épouse. En 1906, il retournait en Suisse pour y étudier le vieil anglais, la philosophie, l'histoire littéraire française, Dante, la poésie romantique espagnole, et l'histoire de l'empire romain. Toutefois, il revint au USC en septembre 1907, où il fut admis à l'école de médecine. En 1910, n'ayant pas complété ses études de médecine, Jeffers entra à l'Université de Washington à Seattle pendant un an pour y étudier la foresterie.

Jeffers se maria le 2 août 1913 avec Una Call Kuster, la journée même où elle obtint le divorce de son précédent mari. Ils déménagèrent à Carmel (Californie), et en 1916, ils eurent des garçons jumeaux, Donnan et Garth. En 1919 Jeffers commença la construction d'un cottage (le « Tor House ») surplombant la baie de Carmel, en face du Point Lobos, ainsi que d'une tour haute de 40 pieds (« Hawk Tower »). À l'exception de quelques voyages en Europe et au Nouveau Mexique, le couple demeura à Carmel toute leur vie.

Après un voyage à Londres en 1928, Jeffers s'isola de plus en plus. Néanmoins, les décennies 1920 et 1930 furent parmi les plus productives et sa réputation connut le zénith durant cette période. Toutefois, à la fin des années 1930 et 1940, les critiques jugèrent que le talent de Jeffers s'était évanoui ; on se questionna sur son patriotisme à cause des références à l'actualité et aux figures politiques du moment (par exemple, Pearl Harbor, Teheran, Hitler, Stalin, Roosevelt). Ce qui n'empêcha pas son adaptation de la Médée d'Euripide de connaître un grand succès lors de sa production à New York en 1947.

Malheureusement, peu temps après, son épouse Una tomba malade et mourut du cancer en 1950.

À sa mort, Jeffers avait perdu la majeure partie de ses lecteurs, et en moins de vinght ans, ses oeuvres disparurent des anthologies et des salles de classe, alors même que ses ouvrages étaient traduits en Europe, notamment dans les pays de l'Est. Cependant, à la fin des années 1980, plusieurs projets d'étude portant sur l'oeuvre de Jeffers ainsi que la révision du canon littéraire américain réétablit Jeffers comme une figure importante de la littérature américaine et du modernisme. Comme Ezra Pound, T. S. Eliot, et Wallace Stevens, Jeffers chercha à redéfinir le rôle de la poésie dans le champ de l'expérience humaine et à identifier la relation authentique de l'expérience humaine au monde et à Dieu.

Jeffers a développé une vision du monde qui comprend la science et la théologie, croyant que l'humanité m'est qu'un moment transitoire dans la vaste histoire du cosmos. Ce n'est d'ailleurs pas une coïncidence si son frère, Hamilton, a travaillé pendant longtemps comme astronome au Lick Observatory, situé dans les environs de San Jose en Californie. Jeffers utilise souvent une imagerie astronomique pour mettre en scène la puissance et l'immensité de l'univers. Le premier poème de Jeffers, « The Measure », publié en décembre 1903 dans l'Aurora, un minuscule magazine littéraire universitaire, annonce, avec son imagerie basée sur les vastes nébuleuses et les vides galactiques, toute son oeuvre ultérieure avec sa poésie cosmique, inhumaine, où l'homme n'occupe qu'une place accidentelle dans un univers infini et indifférent.

La poésie de Jeffers chante la « beauté des choses » du monde naturel mais aussi un désenchantement vis-à-vis l'homme. Il exprime dans sa poésie une vision misanthrope et pessimiste de l'humanité, celle-ci n'étant qu'une race manquée, chargée de défauts, séparée de la nature et possédeant un amour de la cruauté qui lui est particulier.

Jeffers est mort à Carmel le 20 janvier 1962.


And the Stars


The Answer


The Beauty of Things


The Eye


The Great Explosion


The Measure


October Evening


Roan Stallion


Star-Swirls


Références :


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