Nox Oculis


Gérard de Nerval (1808-1855)

Écrivain français d'inspiration romantique dont l'œuvre « surnaturaliste » est une exploration poétique des frontières incertaines du rêve et du réel.

Né à Paris le 22 mai 1808, Gérard de Nerval, de son vrai nom Gérard Labrunie, ne connut jamais sa mère, morte en Allemagne deux ans après sa naissance. Élevé par son oncle maternel, il passa son enfance à Mortefontaine, dans le Valois, dont les paysages servirent d'ailleurs de cadre -- à la fois réaliste, folklorique et idéalisé -- à la plupart de ses récits de fiction.

À Paris, où il fit ses études au collège Charlemagne, il se lia d'amitié avec Théophile Gautier. Ses premiers textes littéraires étaient des élégies inspirées par l'épopée napoléonienne (Napoléon et la France guerrière, élégies nationales, 1827). En 1828, le poète, qui considérait l'Allemagne comme « notre mère à tous » fit paraître une traduction du Faust de Goethe, qui lui valut d'être félicité par l'auteur lui-même et qui fait encore autorité aujourd'hui (il traduisit le Second Faust en 1840). À la même époque, il se fit journaliste, se lia avec les principaux écrivains romantiques du Cénacle (Hugo, Nodier, Petrus Borel, etc.) et, se mêlant à la bohème littéraire de l'époque, prit une part active, aux côtés de son ami Gautier, à la fameuse bataille d'Hernani.

En 1834, il rencontra l'actrice Jenny Colon, pour laquelle il se prit d'une passion désespérée ; elle lui inspira les figures féminines inaccessibles qui hantent obsessionnellement son œuvre. Désespéré par le mariage de Jenny avec un autre en 1838, Nerval tenta de trouver une consolation dans les voyages, en Allemagne puis en Autriche.

Rentré en France, il eut une première crise d'hallucinations et de délire (1841), au cours de laquelle il associa des images de sa mère disparue à un univers imaginaire dont il se prétendait le souverain. Interné à la clinique du docteur Blanche, de février à novembre, il décrivit cet épisode comme une expérience poétique.

En 1843, il entreprit une visite de l'Orient (Égypte, Liban, Rhodes, Syrie, Turquie) qui inspira la rédaction du Voyage en Orient (1848-1851), qui offre une version romancée de ses pérégrinations. Mais, en proie à des crises de folie de plus en plus rapprochées, il dut être interné à plusieurs reprises (janvier-février 1852, février-mars 1853, août 1853-mai 1854, fin 1854). Il se pendit dans la nuit du 25 décembre 1855.

Si l'on excepte divers ouvrages dramaturgiques, l'œuvre de Nerval est essentiellement romanesque et poétique. Il publia ses premiers poèmes en revues, puis les assembla sous le titre d'Odelettes rythmiques et lyriques (1835). Alors que les Petits Châteaux de Bohême (1852), recueil de poèmes et de poèmes en prose, relèvent d'une délicate inspiration nostalgique, les récits en prose des Illuminés ou les Précurseurs du socialisme, parus la même année, marquent le goût de Nerval pour les savoirs ésotériques et pour les personnalités étranges comme Cagliostro ou Restif de la Bretonne. Cet intérêt pour la pensée hermétique, cette foi dans la valeur du savoir ésotérique furent aussi, d'une autre façon, une source d'inspiration pour les œuvres majeures de la fin de sa vie, les Filles du feu (1854), les Chimères (1854) et Aurélia ou le Rêve et la Vie (1855).


Le Christ aux oliviers


Références :


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