Octavio Paz (1914-1998)Poète et essayiste mexicain et prix Nobel de littérature en 1990.
De double ascendance espagnole et indienne, Paz naît à Mexico dans une famille où la culture est privilégiée (son grand-père était écrivain, son père avocat et conseiller du révolutionnaire Emiliano Zapata). Adolescent, il mène une existence libre et itinérante, crée un journal littéraire d'avant-garde, alors qu'il n'a que 17 ans, et publie son premier recueil de poésie deux ans plus tard, Lune Sylvestre (Luna Silvestre, 1933), bientôt suivi de Racine de l'homme (Raíz del hombre, 1937) et de Sous ton ombre claire (Bajo tu clara sombra, 1937). Dans ces œuvres de jeunesse, la sensualité et la beauté sont des thèmes prédominants ; l'influence du symbolisme français mêlée à celle, baroque, du gongorisme, s'y font nettement sentir. Mais Paz soulève aussi déjà le problème de la communication de l'individu avec le monde extérieur, et celui de la condition humaine, au cœur de tous ses ouvrages à venir. Son expérience à la Banque du Mexique, qui l'emploie un temps à compter les billets destinés au feu, lui fera plus tard écrire : « J'ai vu le caractère fantomatique de l'argent, l'autre face du régime capitaliste. »
Installé en Espagne entre 1936 et 1939, au moment de la guerre civile, il se range d'emblée du côté des républicains. Cet engagement l'amène à rencontrer nombre de grandes figures intellectuelles de l'époque, unies dans la résistance antifasciste (Neruda, Alberti, Cernuda). De retour au Mexique, il y poursuit son combat politique en collaborant à un journal ouvrier, qu'il quitte au lendemain de la signature du pacte germano-soviétique en 1939. La rupture avec le parti communiste est définitive après l'assassinat de Trotski, en 1940. Il se lie alors d'amitié avec des révolutionnaires exilés d'Europe, dont Victor Serge et Benjamin Péret. Il étudie pendant un an à l'université de Californie à Berkeley, grâce à une bourse de la fondation Samuel Guggenheim obtenue en 1943. Il entre en 1945 dans la diplomatie, son premier poste est à Paris. Entre cette date et 1968, il sera successivement nommé en Suisse, au Japon et en Inde. En 1968, en signe de protestation contre le massacre d'étudiants perpétré par le gouvernement mexicain sur la place des Trois-Cultures de Mexico, il démissionne de son poste d'ambassadeur en Inde.
À Paris, Paz rencontre André Breton qui le « convertit » au surréalisme. De cette adhésion naissent plusieurs recueils ou suites poétiques Aigle ou soleil (Águila o sol, 1951), Pierre de soleil (Piedra de sol, 1957), où se retrouve la thématique de l'amour confronté aux violences de l'histoire, Semences pour un hymne (Semillas para un himno, 1950-1954) ; tous ces textes seront plus tard réunis, avec l'ensemble de la production poétique antérieure de Paz, dans Liberté sur parole (Libertad bajo palabra, 1960). Paz ébauche également en 1949 un essai sur l'identité mexicaine : Le Labyrinthe de la solitude (El Laberinto de la soledad), achevé et publié en 1957. Dans cet ouvrage, que l'on s'accorde à reconnaître comme son chef-d'œuvre, Paz explore le malaise né de sa double origine, indienne et hispanique, qui est aussi celui de la société mexicaine, placée à la rencontre de deux civilisations distinctes, indienne et occidentale.
De retour à Mexico, après avoir quitté ses fonctions diplomatiques, Paz se fait plus polémique, son œuvre plus âpre. Il crée en 1971 la revue Plural, qui devient Vuelta en 1976. Il y publie les nouveaux philosophes français, des dissidents soviétiques, défend Alexandre Soljenitsyne et critique les sandinistes et les castristes. Ceci lui vaut l'opprobre de l'intelligentsia de gauche, mais il est rejoint dans sa critique par un autre ancien marxiste, l'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa. Le Singe grammairien (El Mono gramático, 1972), pour sa part, échappe à toute classification ; dans cette œuvre, qui se situe à la croisée du poème, de l'essai et du récit, Paz retrace sa découverte de l'Orient, alors qu'il était en poste à New Delhi, et l'éblouissement face à ses mystères. En 1990, Octavio Paz est le premier Mexicain à recevoir le prix Nobel de littérature pour son œuvre « ouverte sur des vastes horizons, empreinte de sensuelle intelligence et d'humanisme intègre ».
On lui doit aussi divers textes de réflexion sur la poésie, L'Arc et la lyre (El Arco y la lira), des traductions (de Basho notamment), des essais, dont le plus important est sans conteste la volumineuse monographie qu'il a consacrée, en manière d'hommage, à Juana Inés de La Cruz : Sœur Juana Inés de La Cruz ou les Pièges de la foi (Sor Juana Inés de La Cruz o las tampas de la fé, 1982).
Tiré de : « Paz, Octavio », Encyclopédie Microsoft® Encarta® 2000. © 1993-1999 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
Fraternité
Hommage à Claudius Ptolémée Je suis homme : je dure peu
et la nuit est énorme.
Mais je regarde vers le haut :
les étoiles écrivent.
Sans comprendre je comprends :
je suis aussi écriture
et en ce même instant
quelqu'un m'épelle.Octavio Paz, tiré de Collected Poems 1957-1987 (traduction de Frédéric Magne)
Références :
- Octavio Paz : http://www.kirjasto.sci.fi/opaz.htm
- Academy of American Poets - Octavio Paz : http://www.poets.org/poets/poets.cfm?prmID=662
- Octavio Paz - Biographie et bibliographie : http://www3.sympatico.ca/pier.g/paz.htm
- Encyclopédie Yahoo - Octavio Paz : http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/ma/ma_2410_p0.html
- Nobel e-Museum - Octavio Paz : http://www.nobel.se/literature/laureates/1990/paz-bio.html
- Nobel Prize in Literature - Octavio Paz : http://nobelprizes.com/nobel/literature/1990a.html
Bibliographie :
- K. Chantikian (ed.), Octavio Paz : Homage to the Poet (1981)
- John M. Fein, Octavio Paz (1986)
- Rachel Phillips, The Poetic Modes of Octavio Paz (1972)
- Jason Wilson, Octavio Paz : A Study of His Poetics (1979)
- Jason Wilson, Octavio Paz (1986)
- Octavio Paz, Octavio Paz, ou, La raison poétique : [entretiens] (1998)
Oeuvres poétiques :
- L'arbre parle : poèmes (trad. de l'espagnol par Frédéric Magne et Jean-Claude Masson, 1990)
- L'autre voix : poésie et fin de siècle (traduit de l'espagnol par Jean-Claude Masson, 1992)
- Conjonctions et disjonctions (trad. de l'espagnol par Robert Marrast, 1972)
- Courant alternatif (trad. de l'espagnol par Roger Munier, 1972)
- Le feu de chaque jour : poèmes (trad. de l'espagnol par Claude Esteban, 1986)
- Le feu de chaque jour ; précédé de Mise au net et D'un mot à l'autre : [poésie] (trad. par Claude Esteban, Roger Caillois, Jean-Claude Masson, 1990)
- Le labyrinthe de la solitude ; suivi de Critique de la pyramide (trad. de l'espagnol par Jean-Clarence Lambert, ed. ref. et aug., 1990)
- Lecture et contemplation (trad. de l'espagnol par Jean-Claude Masson, 1982)
- Liberté sur parole : Condition de nuage, Aigle ou soleil, A la limite du monde (poèmes trad. de l'espagnol par Jean-Clarence Lambert et rev. par l'auteur, 1971)
- Mise au net : [poésie] = Pasado en claro (trad. de l'espagnol par Roger Caillois, 1977)
- Nocturne de San Ildefonso : [poésie] (transcription française de Jean-Clarence Lambert, 1987)
- Première instance, 1935-1945 : [poésie] (trad. de l'espagnol par Frédéric Magne, 1986)
- Rufino Tamayo (trad. de l'espagnol par Joëlle Guyot et Robert Marrast, 1983, c1982)
- Versant Est, et autres poèmes, 1957-1968 (poèmes trad. de l'espagnol par Yesé Amory et autres, 1970)
- Versant est et autres poèmes, 1960-1968 (poèmes trad. de l'espagnol par Yesé Amory et autres, 1978)
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