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Atlas du ciel : un superbe logiciel québécois / Mario Tessier. -- Astronomie-Québec, 4(1), janvier-février 1994, pages 22-23.


J'avais déjà eu l'occasion dans cette chronique de vous informer du lancement imminent d'une version toute récente d'un excellent logiciel de planétarium intégré, réalisé par un ingénieur et astronome amateur de Trois-Rivières, M. Mario Groleau. La grande qualité de ce produit me conduit à vous en parler plus longuement, car il est rare de trouver un logiciel aussi bien conçu pour les amateurs, en anglais ou en français. Nous avons examiné la version 4.2 du logiciel. Des versions plus récentes sont cependant disponibles.

Fiche signalétique

Titre       : Atlas du Ciel v4.2
Ordinateur  : IBM
Prix        : 45 $ Ca
Équipement  : processeur 80286+; DOS 4.0+; souris
Support     : Cartes VGA/XGA/SVGA
Concepteur  : Mario Groleau
              3070, rue Talbot
              Trois-Rivières (Québec)
              G8Y 2J5
Distributeur autorisé : La Maison de l'astronomie
                        8056, rue Saint-Hubert
                        Montréal (Québec)
                        H2R 2P3 (métro Jarry)

Téléphone   : (514) 279-0063
Télécopieur : (514) 279-9628
Année       : 1992
Site Web    : http://www.mgroleau.ca/
Démo disponible

La documentation

Un manuel d'une vingtaine de pages, à couverture spiralée, est compris avec le programme. La documentation est présentée de façon claire et concise, et se borne à identifier et à expliquer les menus. L'usage du manuel est par ailleurs pratiquement superflu, puisque le programme est bien conçu. Ce dernier dispose d'une fonction d'aide intégrée, expliquant les données de la barre d'information au bas de l'écran et rappelant les diverses fonctions disponibles.

Il aurait toutefois été commode de connaître l'origine des algorithmes utilisés pour les calculs d'éphémérides afin de mieux évaluer la précision des calculs, ou d'avoir plus de renseignements sur les catalogues d'objets célestes disponibles. On peut par exemple repérer certains astéroïdes mais on ignore lesquels. A cet égard, la documentation est trop succincte, à la fois pour le débutant et pour l'amateur expérimenté.

L'interface de commande

Le logiciel dispose d'une interface graphique lui permettant d'utiliser les ressources de la souris. On navigue parmi les fonctions en cliquant sur la barre de menus identifiés au haut de l'écran. Il est également possible de se servir du clavier pour exécuter les fonctions. Cette interface graphique est moins performante et moins polyvalente que l'interface Windows. Cependant, pour les usagers n'utilisant pas l'environnement Windows, il la remplace de façon rudimentaire mais efficace.

Pour se déplacer sur la sphère céleste, il faut passer par les menus, à défaut de barres de navigation lesquelles se trouvent assez fréquemment dans les programmes de planétarium. De même, pour l'agrandissement de l'affichage, il faut utiliser la fonction zoom dans la barre de menus, puisque la souris ne permet pas de délimiter une fenêtre d'affichage. Notons néanmoins que le champ de vision de la fenêtre d'affichage va de 220° jusqu'à 8' d'arc !

L'identification des menus ne suit pas une séquence logique (à la Windows, par exemple), mais se présente plutôt comme une liste de fonctions les plus utilisées. A ce chapitre, l'interface de commande est assez intuitive, bien que la signification de certains menus ne soit pas claire au premier abord. C'est un peu déroutant la première fois, mais on s'y habitue rapidement.

L'affichage

L'écran comporte 3 sections: 1) la barre des menus de l'interface de commande, au haut de l'écran; 2) la barre d'information sur la fenêtre d'affichage, au bas de l'écran; et 3) la fenêtre d'affichage du ciel proprement dit, qui occupe presque tout l'écran.

La barre d'information contient les renseignements suivants: les coordonnées célestes du centre de l'écran, la largeur de la fenêtre (la grandeur du champ de vision), la date et l'heure locale (normale ou avancée), l'heure moyenne de Greenwich (le temps universel ou TU), le temps sidéral local, le nombre d'étoiles affichées, l'identification du catalogue NGC ou Messier de l'objet centré et sa magnitude approximative, la magnitude limite des étoiles et, finalement, le temps de rafraîchissement de l'écran. Comme on le voit, l'amateur ne manque pas d'information sur ce qu'il observe! Soulignons la présence à l'écran des phases de la Lune et des planètes intérieures et une représentation miniature des positions des satellites joviens; ces fonctions sont habituellement inexistantes dans les logiciels de planétarium. Pourtant, elles sont fort pratiques pour l'amateur se spécialisant dans l'observation planétaire. Voilà un signe que le concepteur du logiciel est un amateur chevronné, connaissant bien les besoins de ses confrères et consoeurs astronomes.

L'affichage du ciel se fait en couleurs et l'on peut faire varier la grosseur des points représentant les étoiles, pour une simulation plus réaliste ou plus didactique. Il est également possible d'afficher le ciel sur fond blanc avec des étoiles noires, comme dans les atlas célestes conventionnels. Le menu est présenté dans la couleur de notre choix, par exemple en rouge pour ne pas nuire à la vision de nuit.

Selon les préférences de chacun, apparaissent ou non à l'écran les formes des constellations et leurs noms, les noms des étoiles, les planètes (avec nom ou date), des astéroïdes, la ligne d'horizon, l'écliptique, une mire pour centrer les objets, ainsi qu'une grille céleste.

Il faut signaler que les objets nébuleux (de ciel profond, par exemple) sont représentés avec leur diamètre apparent dans le ciel! C'est une capacité que n'ont pas la plupart des programmes de planétarium et qui s'avère très utile lorsqu'on imprime des cartes célestes. De plus, chaque type d'objet a une forme caractéristique, facilement identifiable et presque similaire aux symboles des atlas stellaires (par exemple, une spirale pour les galaxies spirales, un anneau pour les nébuleuses planétaires, un globe pour les amas globulaires, etc.).

Les fonctions

Le logiciel dispose d'un très large éventail de fonctions. Mentionnons seulement les plus importantes :

  1. Une fonction d'animation du ciel selon différents intervalles de temps (en minutes, heures, journées, ou mois), afin de suivre l'évolution des planètes sur la sphère céleste. Cette fonction est assez rudimentaire car les paramètres de contrôle sont peu nombreux et peu souples. Elle n'est pas spécialement conçue pour la simulation des éclipses ou des occultations, mais on peut tout de même lui faire exécuter ces tâches. A cet égard, la fonction d'animation d'Atlas du Ciel ressemble passablement à celle de EZ-Cosmos 3.0 et n'a rien à lui envier.
  2. Deux fonctions sont disponibles pour la simulation des satellites joviens. La première donne accès à la position des quatre principaux satellites joviens selon divers intervalles de temps (en minutes, heures, ou jours). La seconde permet de produire une carte mensuelle des orbites des lunes de Jupiter, du même type de celles qu'on trouve dans les revues d'astronomie. Notons toutefois une certaine inconsistance entre les deux fonctions de simulation jovienne, puisque l'une d'elles donne une simulation est-ouest tandis que l'autre est simulée ouest-est! C'est un détail dont nous aurions aimé avoir l'explication dans le manuel. Néanmoins, il faut souligner que cette simulation a été extrêmement bien conçue car, lorsque Jupiter est sous l'horizon, le programme indique que la planète n'est pas visible. Notons que, pour l'affichage du ciel, lorsque le Soleil est au-dessus de l'horizon, la couleur du ciel passe du noir au bleu! Voilà un autre détail plaisant, utile, et pensé en fonction de l'observateur.
  3. Des éphémérides sont disponibles pour chacune des planètes ainsi que pour le Soleil. Le programme donne les informations suivantes: la distance au Soleil et à la Terre, les coordonnées équatoriales et azimutales, les heures de lever et de coucher, la phase, le diamètre angulaire et la magnitude. On peut aussi obtenir un graphique des positions héliocentriques des planètes intérieures et extérieures.
  4. Le filtre de magnitude s'étend de 2 et 8 pour les étoiles, et le nombre des objets nébuleux représenté varie entre 200 et 1 800 objets.
  5. La fonction de repérage est assez élaborée et permet de signaler les objets disponibles à l'aide de catalogues dans les menus. Par exemple, dans ces catalogues on trouve le nom des étoiles, le nom de divers objets nébuleux, les numéros du catalogue Messier, la liste des constellations et des planètes. Évidemment, les coordonnées précises en ascension droite et déclinaison permettront d'afficher la portion désirée du ciel.
  6. Le logiciel permet l'impression de cartes célestes d'une belle qualité graphique. L'écran est fidèlement reproduit avec les données de la barre d'information. Tous les objets sont clairement lisibles. Et le programme s'occupe de transformer automatiquement l'écran couleur en version noir et blanc pour l'impression.
  7. Le logiciel Atlas du Ciel donne sur demande près d'une centaine d'images numérisées des planètes, des objets Messier et d'objets NGC; on n'a qu'à pointer et cliquer sur les objets dont on désire obtenir une belle image. Ainsi, en cliquant sur l'objet M45, une petite fenêtre s'ouvre à l'écran sur une photo numérisée des Pléiades. La résolution graphique des objets n'est pas exceptionnelle, mais elle est tout de même suffisante pour montrer à l'observateur ce qu'il est censé voir sur la voûte céleste.
  8. Un petit utilitaire de sauvegarde d'écran fait partie du programme! En effet, si on laisse le clavier inoccupé, au bout de quelques minutes une multitude d'étoiles multicolores viennent rafraîchir l'écran. Un tel amour du détail mérite d'être souligné et applaudi !

Les catalogues d'objets

Le logiciel dispose d'un catalogue de 45.225 étoiles (pour l'époque 2000.0) jusqu'à la magnitude 8. La banque de données pour les objets de ciel profond contient 1800 objets portant l'identification des catalogues NGC et Messier. Afin de faciliter la localisation de l'observateur, le logiciel nous permet de choisir un lieu d'observation dans un catalogue de villes.

Les limites chronologiques et la précision

La seule faiblesse d'importance du logiciel, c'est sa précision dans le temps; d'ailleurs l'auteur en fait mention. En effet, Atlas du Ciel est conçu pour servir d'aide à l'observation pour les dates proches de notre époque. On ne peut donc pas s'en servir pour l'archéoastronomie, car il accepte les dates les plus fantaisistes. Ainsi, il ne donne pas de dates limites d'utilisation, bien que l'exactitude du logiciel commence à se dégrader après quelques siècles. Le programme accepte même les dates proposées entre le 5 et 15 octobre 1582 (dates de la révision du calendrier grégorien), ainsi que l'année 0 !

Si l'exactitude du logiciel ne lui permet pas de remonter ou d'avancer de plusieurs siècles dans le temps, sa précision pour les dates contemporaines est toutefois plus que suffisante pour les amateurs désirant planifier leurs soirées d'observation. Selon l'auteur, la marge d'erreur de position des planètes est habituellement inférieure à 8' d'arc, avec une marge d'erreur légèrement supérieure pour la Lune (mais rappelons que son diamètre angulaire est plus de trois fois plus large).

Commode et compact

Comme son nom l'indique, Atlas du Ciel est manifestement conçu pour servir tout d'abord d'atlas céleste informatisé. Il produit des cartes qui, par leur précision et leur richesse, rivalisent avec celles des atlas stellaires conventionnels (du genre Norton's Star Atlas ou le Wil Tirion's Star Atlas 2000.0).

Il se classe dans la catégorie des planétariums intégrés haut de gamme grâce à la multitude de fonctions dont il dispose: simulation du ciel sous différents lieux et à diverses époques, repérage des objets, éphémérides planétaires, animation des planètes et des satellites de Jupiter, phases lunaires et planétaires, images numérisées, etc.

Son affichage excellent ainsi que ses catalogues divers et très complets permettent un repérage facile et rapide des objets importants pour l'amateur. Grâce aux images numérisées qu'il offre, Atlas du Ciel est l'instrument idéal pour l'astronome débutant. Il lui permettra de découvrir le ciel et ses objets les plus intéressants et l'aidera à planifier ses soirées d'observation. Ses capacités de simulation l'aideront à acquérir et à assimiler certaines notions de base d'astronomie.

Notons aussi que le programme est assez compact pour loger sur une disquette de haute densité. De plus, c'est une excellente solution pour les gens qui utilisent seulement le DOS et qui ne travaillent pas avec Windows. Son prix est compétitif avec les logiciels de même gamme.

Le programme a par contre ses limites: sa précision est relative et il y reste quelques accrocs mineurs (communément appelés bogues), dans la fonction d'animation ou celle de saisie des dates par exemple, lesquels seront très certainement corrigés dans les versions ultérieures; son interface est un peu rudimentaire. Soulignons toutefois que ces problèmes sont vraiment secondaires et ne mettent pas en cause l'excellence du produit.

En résumé, ce programme en français réalisé par un Québécois se compare favorablement non seulement aux les logiciels européens de même nature, mais également à la plupart des partagiciels américains, y compris certains logiciels commerciaux! Nous le recommandons donc chaudement à nos lecteurs.


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