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Epoch 2000 / Mario Tessier. -- Astronomie-Québec, 3(6), novembre-décembre 1993, pages 22-23.


Dans la présente chronique, nous examinerons l'un des plus récents programmes d'astronomie sur le marché. La niche qu'il occupe présentement est elle aussi toute nouvelle, car il s'agit du contrôle et de l'automatisation d'un observatoire.

Epoch 2000 est un programme très sophistiqué, offrant aux amateurs la puissance informatique généralement mise à la seule portée des astronomes professionnels. Il préfigure également ce que sera la pratique de l'astronomie pour les amateurs à l'aise et de haut calibre. En effet, grâce à Epoch 2000, un amateur peut très bien s'asseoir devant son micro-ordinateur, planifier sa soirée d'observation en simulant à l'écran le ciel au-dessus de sa tête, consulter les éphémérides des planètes, se brancher électroniquement sur son télescope, régler l'ouverture du dôme de son observatoire, effectuer des observations à l'aide d'un dispositif à transfert de charge (DTC ou CCD), recueillir les données sur son ordinateur et, finalement, analyser les résultats au moyen des fonctions de manipulation graphique, de manière à pouvoir visualiser, dans les minutes qui suivent la prise de données, l'image DTC ainsi produite.

Comme on le voit, Epoch 2000 s'adresse principalement aux amateurs avancés disposant déjà d'un dispositif à transfert de charge et désirant automatiser les opérations de pointage, de collecte et d'analyse des données. Certains penseront sans doute que la plupart des astronomes amateurs ne pourront jamais se prévaloir de telles merveilles technologiques. Pourtant, la révolution est déjà commencée. En effet, le premier télescope interactif a été mis en service depuis le mois de mai 1993 à l'Observatoire du mont Wilson en Californie, avec l'inauguration du Remote Telescope Network (RTN). L'interface électronique avec un télescope Cassegrain de 24 pouces d'ouverture, faisant partie du RTN, sera disponible au grand public via modem ou par l'intermédiaire d'un grand réseau télématique d'ici la fin de l'année. Par exemple, je pourrai alors, grâce à Epoch 2000 et à mon modem, me brancher, par l'intermédiaire d'une ligne téléphonique, au télescope du RTN (ou à un autre télescope inoccupé du réseau) demander à observer une région du ciel avec le dispositif à transfert de charge, et recevoir l'image (couleurs ou noir et blanc) ainsi capturée pour la traiter sur mon ordinateur. Si le télescope est occupé à ce moment, la demande sera enregistrée par le RTN pour être exécutée à une date ultérieure. L'image observée sera alors stockée sur le système informatique jusqu'à ce que je décide de la télédécharger (download) sur mon disque rigide. Notons cependant que je n'ai pu essayer les fonctions de contrôle du télescope et de l'observatoire.

Fiche signalétique

Titre       : Epoch 2000 Desktop Observatory for Windows v1.0
Ordinateur  : IBM
Prix        : 329 $ US  Poste : 15 $ US
Mémoire vive: 640 Ko
Équipement  : processeurs 30286+; Microsoft Windows 3.X+; 5 Mo d'espace
              sur disque rigide
Support     : Cartes EGA/VGA/SVGA; souris; coprocesseur mathématique
Auteur      : Greg Fisch
Adresse     : Farpoint Research
              10932 Hasty Avenue
              Downey CA 90241-4026, É.-U. A.
Téléphone   : (310) 861-6606
Télécopieur : (310) 862-1546
Année       : 1992
Support téléphonique
Site Web    : http://www.meade.com/catalog/meade_epoch/meade_epoch_2000_01.htm
Recensions  : Sky & Telescope, mars 1993, p. 56; Astronomy, 
              février 1993, p. 98

La documentation

Un manuel imprimé de 77 pages explique les diverses fonctions du logiciel. La documentation est bien faite mais trop succincte. Par exemple, seulement quelques pages sont consacrées aux fonctions de simulation du ciel et à l'affichage des objets célestes. Par ailleurs, on s'attarde beaucoup aux fonctions de manipulation graphique et aux capacités d'imagerie alors que l'amateur désireux de travailler l'imagerie DTC devra, de toute manière, recourir à un ouvrage plus élaboré. Le manuel dispose d'un index incomplet, d'un utile glossaire des termes astronomiques et graphiques, d'une bibliographie et de deux appendices.

Le programme est très simple à utiliser, aussi le débutant pourra-t-il s'en servir dès son installation. Toutefois, il devient nécessaire de lire la documentation pour s'en servir correctement. Il est dommage cependant de ne pas disposer d'un manuel électronique, sous forme de fichier lisible au traitement de texte, ou d'une fonction d'aide « en ligne ».

L'interface de commande

L'interface du logiciel recourt aux menus déroulants et standardisés de l'environnement Windows. Pour accéder aux menus et aux diverses fonctions du logiciel, on se sert de la souris ou du clavier grâce à des touches de raccourcis. L'interface est intuitive, mais elle manque un peu de souplesse.

Il est également possible de configurer cette interface selon nos préférences, notamment en ce qui concerne les couleurs pour l'affichage des objets célestes; par exemple, on obtient une représentation en couleurs du ciel, une représentation en noir et blanc, ou une représentation rouge pour la vision de nuit.

L'affichage

La fonction de planétarium permet une simulation extrêmement réussie de la voûte céleste. En effet, les étoiles sont montrées selon leur couleur B-V propre, et les objets de ciel profond (par exemple, les nébuleuses et galaxies) sont affichés avec leurs dimensions angulaires. On peut également faire apparaître à l'écran un réticule télescopique pour mieux apprécier la grandeur du champ visé et l'image qui sera obtenue. En ce qui concerne les images, plusieurs formats sont acceptés pour traitement: TIFF, FITS, BMP, SBIG, Lynxx et Raw. On peut sauvegarder les images traitées en format TIFF, FITS, et BMP.

Les fonctions

Le logiciel dispose de plusieurs fonctions dont on se sert sur trois modes: 1) la planification de la soirée d'observation grâce à la consultation des éphémérides et à la simulation du ciel, ainsi que le choix du site d'observation virtuel, 2) le contrôle du télescope et, le cas échéant, du dôme qui l'abrite, et finalement 3) la manipulation graphique des données.

Les fonctions sont regroupées dans sept principaux menus: 1) l'affichage des images DTC (masques, tampons, etc.), 2) les outils de manipulation graphique (histogramme, spectre, etc.), 3) les calculs du temps, 4) les éphémérides planétaires, lunaires et solaires, 5) la simulation du ciel, 6) les commandes de contrôle du télescope et du dôme, 7) les diverses options (couleurs, télécommunications, etc.). Notons qu'on peut sauvegarder les fichiers graphiques et imprimer les cartes du ciel obtenues.

Certaines commandes sont mal conçues car elles ne laissent que peu de latitude dans le choix de l'affichage, notamment en ce qui concerne la fonction de planétarium. Au moyen de cette dernière, il est possible de réaliser des animations de planètes, de comètes ou d'astéroïdes, comme dans tout programme de planétarium.

Les catalogues d'objets

Epoch 2000 dispose de plusieurs bases de données: 1) le catalogue SAO de 45.000 étoiles, jusqu'à la magnitude 8, 2) plus de 13.000 amas, nébuleuses, galaxies et autres objets de ciel profond, 3) un catalogue de 7700 astéroïdes, et 4) 650 comètes. Des fonctions facilitent la recherche par numéro d'assignation Messier, NGC et IC. De plus, le logiciel comprend l'interface du Hubble Guide Star Catalog, disponible sur disque optique.

Le programme renferme aussi un catalogue de villes qu'on a le loisir de sélectionner comme site d'observation pour effectuer les simulations, de même qu'un catalogue d'observatoires.

Les limites chronologiques et la précision

Les dates limites d'utilisation du logiciel se situent entre 4 713 avant J.-C. et 10 000 ap. J.-C., soit la fourchette habituelle de précision pour les programmes de planétarium. Le programme est d'ailleurs assez «intelligent» pour ignorer les dates proposées entre les 5 et 15 octobre 1582 (dates de la révision du calendrier grégorien).

Le logiciel est d'une précision extrême. En effet, il comporte plusieurs fonctions pour l'établissement du temps exact (sidéral, universel, local, grégorien, julien) indispensable au pointage et au suivi correct des objets célestes. De plus, le logiciel se sert des catalogues de référence astrométriques (Fundamental Katalog) julien (FK5) et bessélien (FK4, qui servent dans tous les observatoires.

Cette précision influe évidemment sur la rapidité du programme. Un coprocesseur mathématique est fortement suggéré afin d'accélérer les fonctions de simulation du ciel et de traitement d'image. La fonction de planétarium est la plus longue à effectuer; elle peut prendre plusieurs minutes sur un IBM 386-SX.

Un logiciel unique

Epoch 2000 figure au nombre des programmes de planétarium haut de gamme. En effet, il simule le ciel de façon très réaliste et très précise, et permet même des animations mettant en scène planètes, astéroïdes et comètes. De plus, il calcule les éphémérides et affiche des images astronomiques. Toutefois, si on ne devait le considérer que sous ce point de vue, il faudrait avouer qu'il accuse des faiblesses du côté de l'interface et du nombre des commandes. Si le logiciel a la capacité de servir à la planification des soirées d'observation, sa force ne réside pas là.

La puissance du logiciel repose surtout sur sa capacité de contrôle des télescopes. Un nombre d'amateurs de plus en plus important songent à se munir d'un dispositif à transfert de charge; Epoch 2000 est spécifiquement conçu pour eux. Leurs besoins seront comblés par la versatilité et la puissance du programme.

Epoch 2000 n'est pas le seul logiciel qui automatise le contrôle d'un télescope, ni même le plus performant quant au traitement de l'image. Par contre, c'est le seul qui combine toutes ces fonctions dans un seul logiciel intégré. Il figure vraiment à part pour ce qui est de la liste des applications disponibles en informatique d'astronomie.

Un logiciel d'astronomie en français

The Earth Centered Universe (ECU), cet excellent logiciel de planétarium intégré fonctionnant sous environnement Windows, est maintenant disponible dans la langue de Molière, au grand plaisir des amateurs québécois. La traduction française a été réalisée par un membre bien connu du Club des astronomes amateurs de Laval, Alain Dussault, qui testait déjà depuis un certain temps les versions bêta du programme de David Lane. Il faut applaudir à cette initiative de notre confrère du Canada anglais qui, malgré la petite taille du marché francophone, a pris le soin de rendre disponible son logiciel aux amateurs québécois. La version française dispose de toutes les fonctions de la version originale anglaise et coûte le même prix, soit environ 40 $ canadiens.

Vous pouvez vous procurer le logiciel à la Maison de l'Astronomie, à Montréal, ou encore communiquer avec :

Nova Astronomics
a/s David J. Lane
Boîte postale 31013
Halifax (Nouvelle-Écosse)
B3K 5T9
Téléphone  : (902) 443-5989
CompuServe : 71601,247. 
E-Mail     : dlane@husky1.stmarys.ca
Site Web   : http://www.nova-astro.com/

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